Historique

"Cibi" est la prononciation du sigle CB, utilisé par les Américains pour désigner la Citizen-Band ou bande des citoyens. Cette bande de fréquences laissée libre dans les années 50 a permis aux camionneurs U.S. de rompre la monotonie des longs trajets et de se dépanner. De là vient cet esprit de solidarité que ce vecteur a toujours voulu véhiculer. Au début, son utilisation a été surtout le fait des routiers qui, en introduisant son principe, ont aussi créé un langage spécifique à base d'américanismes, de contractions de mots et d'expressions codées.


Le poste radio-CB : un émetteur-récepteur performant

Son utilisation vous permet de recevoir et d'émettre gratuitement des messages, c'est-à-dire que plusieurs personnes peuvent échanger des propos, en même temps, et sur le même canal. Cette "particularité" est à la base même de l'esprit cibiste et implique une convivialité et une ouverture vers autrui. A la différence du téléphone qui fonctionne en mode duplex, les conversations s'effectuent en mode simplex, c'est à dire qu'il est nécessaire d'attendre la fin du message de son correspondant avant de pouvoir envoyer le sien.


infos pratiques

L'utilisation d'un poste radio-CB n'est plus aujourd'hui soumise à quelque licence ou taxe que ce soit, celle-ci étant réglée par l'importateur du matériel. Il est, par contre, impératif de moduler avec un appareil répondant aux exigences essentielles de la Directive Européene R & TTE n° 1999 / 5 / CE selon les normes EN 300433 et/ou EN 300135 soit : 40 canaux 4 w PEP . AM / BLU et/ou 4W FM. Les transmissions s'effectuent légalement sur les 40 canaux fixes de 26,965 MHz à 27,405 MHz et selon les appareils sur un ou plusieurs des trois modes de modulation suivants : modulation d'amplitude AM (mode le plus utilisé en France), modulation de fréquence FM (communications rapprochées sur terrain plat et dégagé), bande latérale unique BLU / SSB (communications sur longues distances, en fonction des conditions atmosphériques). Il est possible de répartir ces appareils en trois catégories : les postes sont dits "mobiles" quand ils sont destinés à être installés à bord d'un véhicule. Ils sont dénommés "portables" quand ils sont autonomes et dépourvus de toute alimentation extérieure. Le terme de "base" leur est donné quand ils sont destinés à être utilisés en station fixe dans une habitation.


radio-cb et sécurité

La radio-CB est un moyen de communication "grand public", offrant un large éventail de possibilités d'utilisation (loisirs, sécurité, convivialité, etc...), qui a su acquérir ses lettres de noblesse. Elle est aujourd'hui reconnue comme un facteur améliorant la prévention et la sécurité sur les routes. Certains organismes d'intervention (pompiers, Croix-Rouge, associations,...), qui l'ont intégrée dans le processus de déclenchement des secours, sont en permanence à l'écoute du canal 9, le canal de la sécurité, afin de pouvoir intervenir au premier appel d'une station radio-CB. Les autres canaux dédiés sont le 27, qui est un canal d'appel, et le 19 utilisé principalement en radioguidage par les routiers et les professionnels de la route pour prévenir des accidents et des ralentissements de circulation.

1945-1968 : les débuts de la cibi.

C'est avec le débarquement en France que nombre de jeunes américains ont découvert les premiers Talkies-Walkies.
Une fois démobilisés et marqués par leur découverte des radios communication mobiles, ces jeunes américains rachetèrent dans les surplus de l'armée ces appareils pour en faire une utilisation de loisirs.
Bien entendu il n'était pas question de trafiquer sur les fréquences militaires. Ainsi ces pionniers de la Citizen-Band proposèrent de décaler l' émission et la réception sur une bande délaissée pour les liaisons radio.
Ils choisirent ainsi la bande du 27 MHz une des bandes les plus perturbées qui soit, d'autant plus qu'elle est réservée aux applications industrielles, scientifiques et médicales. Cette bande " poubelle " devint la Citizen-Band, et ces émetteurs récepteurs de campagne, à lampes, sont ainsi les premiers postes cibi.
Dès sa création, la cibi dispose officiellement de 23 canaux AM, avec une puissance d'émission de 3 W. On peut remarquer que quarante-cinq ans plus tard les progrès réalisés ont été finalement minimes. La meilleure preuve en est que la France n'accorde que quarante canaux avec la FM et la BLU en plus.
C'est dans les années 60 que quelques routiers américains ingénieux bidouillèrent des installations dans la cabine de leur " truck ".
Ils ont tout de suite compris ce que cela pouvait leur rapporter: un peu de chaleur humaine au milieu de l'ennui des interminables autoroutes de ce gigantesque continent, et un moyen d'entraide pratique entre chauffeurs, notamment pour déjouer les pièges de la police de la route ... Ce sont donc ces fameux routiers américains qui ont lancés véritablement la cibi.
En Europe la cibi a débarquée dans les bagages des JI's cantonnés en Allemagne et sur les rayons des supermarchés installés dans les grandes bases militaires américaines.
Des voyageurs ramènent aussi des Etats-Unis quelques spécimens des premiers Talkies-walkies transistorisés.
C'est ainsi que vers 1966-67 que les premiers cibistes français apparurent.
Dans ces cibistes on y trouve un peu de tout ; du passionné d'électronique, de l'ancien des transmissions nostalgique de son service militaire, jusqu'au P.D.G. également.
Tous ont la même passion de la radio, le même plaisir de discuter en direct sans aucun coût, mais aussi de découvrir une technologie nouvelle à la portée tous.

1968-1979 : la marginalité

La cibi prend alors véritablement son essor en France avec une poignée d'initiés qui se reconnaissent localement comme étant d'abord des bandes de copains.
De leur côté, les radioamateurs, pionniers et inventeurs de la radio, du haut des prérogatives acquises et de leurs licences officielles d'opérateurs-expérimentateurs, ont tout de suite méprisé ces rigolos qui bousculaient l'ordre établi.
Le radio-amateurisme a vieilli et personne ne veut voir encore dans la turbulence de la Citizen-Band un vivier pour de futurs radioamateurs.
En 1967, à Paris, le syndicat national des amateurs de radio a été créé pour faire face à la crainte permanente de l'administration et de ses interdits.
En réalité l'administration est totalement hermétique à ce phénomène qui est en train de naître. Elle laisse malgré tout croire à l'illégalité de ces pratiques curieuses, alors que l'utilisation du 27 MHz pour des liaisons privées libres n'est à ce moment là encadrée d'aucune réglementation. C'est nouveau et ce n'est ni interdit, ni autorisé. Cette situation floue va durer jusqu'en 1980 en marquant la pratique de la cibi d'un parfum de clandestinité: utilisation de pseudonyme, langage codé emprunté d'abord aux radioamateurs qui de même l'avait appris des premiers radiotélégraphistes ( le fameux code Q). En outre, ce langage s'est enrichi également d'un jargon spécifiques très imaginé.
À la fin des années 60, le choix du matériel est très restreint: il faut se contenter des premiers modèles destinés à un usage professionnel et homologués par les PTT dans ce but. En effet, de plus en plus de chauffeurs de taxi, d'ambulanciers, de livreurs, d'artisans, s'intéressent aux liaisons H.F., beaucoup plus faciles d'accès que les très coûteux systèmes VHF de l'époque, réservés aux grosses entreprises.
Ils peuvent disposer en permanence de 6 fréquences au choix parmi les douze autorisées en 27 MHz ce sont donc que les premiers occupants de la bande du 27 MHz.
À peine un an après sa création, le syndicat national des amateurs radio connaît une scission : une partie de ses dirigeants part en claquant la porte pour monter l'association française des amateurs de radio (AFA) qui restera longtemps la plus grande association de cibistes et l'une des plus dynamiques avec l'union France radio (UFR), un vrai syndicat cette fois, qui est lui-même né d'une scission de l'AFA.
Comme on le voit, la lèpre qui ronge la cibi française est déjà présente dans les gènes des premières associations : scission, rivalité d'individus, guerre intestine ... Un bon gâchis d'énergie et de bonnes intentions.
L'AFA et l'UFR se retrouvent régulièrement aux PTT pour essayer de faire légaliser les fréquence de "loisirs et d'utilité".
Des clubs ont commencé à se créer et apparaissent dans les grandes villes au début des années 70.
Au hasard des déplacements, des contacts inter-associations sont établis. En 1975 un comité national informel est créé par une demi-douzaine de club, le LIG 27(Liaison Inter-Groupement du 27). Son rôle est de centraliser et de rediffuser l'information, de présenter auprès des pouvoirs publics un front commun, et de représenter la France dans ce qui deviendra la fédération européenne de la cibi.
En cette première année de la crise pétrolière, il y a dans le mouvement associatif déjà près d'un millier de cibistes, ce qui laisse penser à existence de 4 à 6000 pratiquants. La cibi a alors un rôle très convivial : c'est le café du coin où l'on parle de tout, où l'on refait le monde et où l'on sait bien s'amuser. Mais pour l'instant il n'est pas encore question de canal 19: les véhicules équipés sont encore trop peu.
Aux Etats-Unis, en revanche on assiste à un véritable boom en ce milieu des années 70 et l'on parle même de près de 20 millions de cibistes! En revanche aux USA le DX est strictement interdit.
En France, du côté des clubs, apparaissent les premières assistances par radio qui sont réalisées principalement sur des courses auto.
Le matériel quant à lui a bien évolué : on commence à trouver des postes avec vingt-trois canaux et synthétiseur.
La très grosse majorité des postes utilisés à l'époque en France sont importés ou diffusés aux initiés sous le manteau par quelques passeurs assez folkloriques ou acheté directement par l'utilisateur dans un pays voisin, principalement l'Italie qui a adopté une norme proche de celle des Etats-Unis. En 1975 s'ouvre pourtant le premier magasin spécialisé cibi. Celui-ci est à Paris et vend alors à des prix au niveau de la bourse des particuliers, des postes 6 canaux professionnels, mais aussi les seuls vingt-trois canaux à synthétiseur qui avaient réussi à obtenir l'homologation PTT, et qui puisse donc être vendus au grand jour, les fameux Zodiac.
Les atouts de la cibi (efficacité, simplicité, liberté, économiques) séduit de plus en plus de monde, et son succès commence à faire boule de neige dans toutes sortes de milieux différents, et pour des applications toujours plus variées. C'est à ce moment là que les médias commencent à s'intéresser à la cibi.

1979-1981: le boom de la cibi.

La fin des années 70 est marquée par une violente accélération du phénomène cibi. La T.V. commence même à consacrer quelques reportages sur ce sujet. Les premiers postes multimodes arrivent en France.
La cibi devient le gadget à la mode: tous les branchés veulent une cibi dans leur véhicule
En même temps, une grande vague de militantisme gonfle à vue d'oeil: des manifestations spontanées s'organisent çà et là à la naissance d'une rumeur d'interdiction et de répression violente de la part des pouvoirs publics. L'administration découvre le phénomène qu'elle aurait dû prévoir et organiser avant de se retrouver devant le fait accompli ... Et comme toujours, dans ces cas-là, elle réagit brutalement par l'interdiction.
L'été 1981 est très chaud! Les médias qui généralement n'ont rien à se mettre sous la dent pendant l'été, s'emparent de l'événement, et les PTT sont contraints à une marche arrière maladroite. Qu'importe, le mouvement est lancé et un gigantesque rassemblement de cibistes s'improvise sur le circuit des 24 heures du Mans début septembre: on parle de 100.000 personnes! Du jamais vu!
Les élections présidentielles de mars 1981 étant proche, les partis politiques cherchent à la hâte une récupération de cet élan populaire! De son côté l'administration et le ministère des finances annoncent froidement au mois de novembre un blocage immédiat des importations des postes cibi! La colère gronde et les associations montent au créneau. Les politiques de tous bords sont prêts à toutes les promesses. Mais malheureusement, au lieu d'une vraie libéralisation de la cibi par la légalisation de la situation avec l'AM, la FM et la BLU avec 5 watts, les PTT annoncent joyeusement le " cadeau ": 22 canaux, la FM seulement et 2 watts en tout et pour tout!
Les socialistes à peine arrivés au pouvoir sont confrontés au dures réalités de l'adéquation des promesses électorales avec les responsabilités de l'état. Ils trouvent une échappatoire dans l'instauration d'une commission de concertation entre les PTT et les associations cibi. Ainsi se tient la première réunion en septembre 1981 avec d'un côté les PTT et différentes administrations plus ou moins concernées par la question, tels que le ministère de la défense ou celui de l'intérieur, et de l'autre côté un cocktail explosif de groupements cibi appelés à représenter l'ensemble des utilisateurs ( SNAC, AFA, FFCBL, ACA - canal 9).
Suite à une manifestation sous les fenêtres du ministère, l'administration finie par accepter de signer le compromis final publié dans l'instruction ministérielle du 31 décembre 1982 de 40 canaux, AM - FM - BLU et 4 watts crêtes. La norme que nous connaissons toujours aujourd'hui !
L'engouement pour la cibi à cette époque était tel que Europe 1, par exemple, avait une émission tous les soirs animée par le chanteur Carlos qui racontait sa cibi …

1983-1992: la grande période de la cibi.

À partir de 1983 la cibi prend de l'ampleur et ne cesse de conquérir de nouveaux utilisateurs. De plus en plus de routiers, de VRP, de vacanciers, installent une cibi à bord de leur véhicule. C'est à ce moment là qu'apparaît véritablement l'usage du canal 19 qui sert exclusivement à être informé de l'état des routes. La cibi à quitté l'aspect gadget et est devenu un accessoire auto. La progression des ventes est d'environ 30% par an à cette époque. Avec l'instauration du permis à point en 1992, les ventes de cibies explosent littéralement ; les commandes sont multipliées par 4 et les usines ne peuvent pas suivre.
La Cibi apparaît alors comme la panacée universelle face au radar qui pointe à l'horizon. Mais la cibi n'est pas que cela : en dehors des gens qui l'utilisent dans leur véhicule, elle est utilisée également de véritables fanatiques de la radio qui, comme leurs grands frères les radio-amateurs, utilisent leur matériel pour faire des contacts longue distance pour le plaisir de contacter des gens à l'autre bout du monde, discuter avec eux et de mieux les connaître.

De 1993 à nos jours.

En janvier 1993,trouvant les citoyens peu motivés par l'achat du timbre fiscal de 250 francs prévue à l'origine pour les droits d'utilisation de la cibi, les fonctionnaires de Bercy ont décidé de prélever une taxe directement à l'importation. De fait, le marché des mini-postes est littéralement sabordé par l'ajout d'une taxe égale au prix de l'appareil! Par ailleurs, cette taxe étant perçue directement auprès de l'importateur, les acheteurs de matériel cibi, payent alors une TVA à la fois sur le prix d'origine du poste, mais aussi sur la fameuse taxe. Il s'agit d'un impôt sur un impôt.
La cour européenne a d'ailleurs tranché récemment entre défaveur de la France vis-à-vis de cette taxe! (voir la page concernant la taxe cibi).
Du côté européen, en revanche, une nouvelle norme est apparue, beaucoup plus restrictive que celle que nous connaissons pour l'instant : il s'agit de n'autoriser que 40 canaux avec pour seul et unique mode la FM. Comme chacun sait, un mode extrêmement pratique en mobile, avec absolument aucun bruit de fond et surtout une très très grande portée !!! (C'est en réalité tout l'inverse !!!). Bonjour les risques d'accident à devoir continuellement ajuster le squelch pour pouvoir obtenir une bonne écoute ! Les politiques, encore une fois font preuve d'autoritarisme et ne suivent pas ce que leurs électeurs souhaitent, mais imposent à ces même électeurs, ce qui les arrange !
Ils sont élus pour représenter la volonté du peuple, mais une fois élus se moquent totalement de ce que souhaitent leurs électeurs ! Belle démocratie !


Maintenant, en ce qui concerne le nombre de cibistes à ce jour, si en effet leur nombre a diminué, il s'agit plus d'une diminution de ceux cherchant à se protéger des radars, que d'une diminution des véritables amoureux de la radio! Encore que …